• Les traitements ciblés remplaceront-ils la chimiothérapie ?

    Collignon J. , Jerusalem G.
    Rev Med Liege 2012, 67(S1),29-36

    Résumé : Le but de tout traitement du cancer est d’améliorer la survie de nos patients en réduisant au maximum la toxicité de nos traitements. L’amélioration de nos connaissances des mécanismes moléculaires responsables de la survie et de la prolifération des cellules tumorales a permis de développer des traitements ciblés qui, pour certaines tumeurs, ont abouti à des résultats impressionnants, même sans une chimiothérapie associée pour certains cancers. Ces traitements sont des anticorps monoclonaux ou des petites molécules comme les inhibiteurs de tyrosine kinase. L’inactivation d’un seul oncogène peut permettre la régression d’une tumeur tout comme l’inhibition d’une seule voie d’activation par un seul ou plusieurs inhibiteurs, phénomène appelé, la dépendance oncogéni¬que. On citera l’imatinib dans la LMCet les GISTou encore le trastuzumab dans le cancer du sein HER2 positif et, plus récemment, le géfitinib dans les cancers du poumons EGFRmutés, le crizotinib dans les cancers du poumon EML4-ALK positifs ou, encore, le vémurafénib dans les mélanomes pré¬sentant la mutation BRAF V600E. Pour illustrer ce concept, le cancer du sein HER2 positif, 15 à 20 % des cancers du sein, est un excellent modèle. Le trastuzumab, anticorps monoclonal anti-HER2, a modifié le pronostic de cette maladie en améliorant la survie de ces cancers en adjuvant comme en situa¬tion métastatique. Le lapatinib, un inhibiteur des récepteurs tyrosine kinase HER1 et HER2, est approuvé en association avec la capécitabine ou, en première ligne, en combinaison avec le létrozole après progression sous trastuzumab et en association avec une chimiothérapie. Malgré ces thérapies, 20 % des patients traités en adjuvant par le trastuzumab vont rechuter et les patients métastatiques ne répondront que transitoirement aux combinaisons des chimiothérapies avec le trastuzumab ou le lapatinib. De nouvelles molécules ciblant HER2 ou sa voie d’activation sont en développement tels le pertuzumab, le T-DM1 ou les inhibiteurs mTORet d’autres inhibiteurs de la voie de signalisation PI3K-AKT-mTOR. De nouvelles stratégies associant ces molécules, même sans chimiothérapie, ont déjà montré des résultats en situation métastatique et néoadjuvante. La sélection des patientes pouvant bénéficier de ces associa¬tions reste un défi. Mais, actuellement, la chimiothérapie garde une place prépondérante.

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